29 Mars 2020
Voilà, grâce au confinement, j'ai enfin du temps pour moi. En tout cas, le week-end. (Coucou télétravail) Mais passons, j'ai enfin du temps pour moi et surtout, pour méditer. Depuis que je suis devenue profondément spirituelle, j'ai toujours voulu m'y mettre. Je ne compte pas, bien entendu, les quelques fois où j'ai voulu essayer et où j'ai lamentablement échoué. Non, là je vous parle de réellement passer le cap. Passer de l'autre côté. Là où les gens arrivent à "décoller" où "lire à travers [leur] âme". Bref, parvenir à VRAIMENT méditer. Parce que croyez-moi, ce n'est pas chose aisée.
Sur les conseils des plus avertis, j'ai commencé par créer un environnement "propice" à la méditation. Bougies blanches, musique relaxante, volets tirés... Et un Jules prévenu : "Je vais méditer, tu ne me déranges pas s'il te plaît." J'insiste sur le "s'il te plaît", comme pour le dissuader d'autant plus de faire irruption durant mon travail de rencontre avec moi-même. Il acquiesce distraitement, lobotomisé par sa série Netflix.
Je m'installe confortablement dans mon lit. Allongée, je suis prête à recevoir cette bénédiction quasi-divine de maîtriser mes pensées. Je prends mon téléphone et ouvre l'application "Petit BamBou", sur laquelle mon adorable collègue Gaëtan m'a offert six mois d'abonnement. "Tu n'as plus d'excuses maintenant, tu dois le faire", m'avait-il soufflé avec toute la tendresse et l'autorité dont il est capable.
Je parcoure le menu et mes yeux s'arrêtent sur la catégorie "Mental". Ça tombe bien, moi qui pense trop... Je fais défiler les options et... ah, tiens, il y a "Lâcher-prise". Pour une obsédée de l'organisation et du contrôle comme moi, ça ne peut que me faire du bien.
Je lance la méditation. Et hop, c'est parti !
Je clos mes paupières. "Prenez le temps pour vous féliciter d'avoir programmé ce moment pour vous", déclare la voix féminine. En effet, on devrait même me remettre une médaille !
Elle enchaîne ensuite sur le travail du souffle. D'accord. Je n'avais jamais réfléchis à ma façon de respirer, mais j'essaye. La première étape consiste surtout à prendre conscience de chaque partie de son corps pour réussir à mieux s'en séparer. Je parviens tant bien que mal à ne pas penser à autre chose. Je suis en pleine concentration quand mon téléphone vibre. Eh merde, j'ai oublié de le mettre sur mode "Avion". Une fois chose faite, je tente de me remettre dans le bain méditatif.
Pour me détendre, je m'imagine sur une plage. Un endroit qui me détend. Ah non, au bord d'une falaise en Irlande, je préfère. L'herbe verte, l'océan, le vent dans mes cheveux... Ouais, je m'imagine là-bas. Ok, maintenant retour sur le souffle, la respiration et tout le bordel. "Reposez votre attention. Vous n'avez pas de contrôle sur votre esprit ou sur votre vie en général", déclare la voix douce depuis mon Iphone. Elle essaye de me faire paniquer ou quoi ?
Cette phrase, au lieu de me détendre me fait réfléchir. Et les remises en question fusent dans ma petite cervelle qui refuse de se laisser aller. J'ai vraiment un problème avec le contrôle ? Je planifie vraiment tout ? Suis-je vraiment dans l'excès ? C'est vrai que mes résultats à ce test dans le magazine la dernière fois ne laissaient guère place au doute. Oh mince, je recommence à réfléchir ! Mais elle laisse trop de blancs entre ses prises de parole, c'est beaucoup de temps libre pour mon mental qui profite de la moindre occasion pour se faire la malle.
J'essaye de me concentrer mais... Tiens, il n'y a plus de musique ? Non, l'enceinte n'a plus de batterie. Bon tant pis, je continue sans.
"Profitez de cette forme de tranquillité d'esprit pour accepter ce que vous ne pouvez pas modifier", poursuit ma guide. Je me laisse aller et me replonge dans le travail d'introspection. J'ignore si j'ai la bonne méthode, mais j'y mets du mien.
La machine à laver en mode essorage ne me distrait pas plus que ça. Heureusement. En revanche, elle me donne envie de remonter le temps et de me gifler pour avoir lancé une machine avant une méditation. On apprend de ses erreurs, je serai mieux préparée la prochaine fois.
"Lâcher prise ce n'est pas se montrer indifférent", déclare la voix, sûre d'elle apparemment. Je me surprends à penser : "Ouais, si on veut."
Soudain, on tape doucement à la porte de la chambre. J'ouvre péniblement un oeil. C'est Jules. "Chou, désolé de te déranger pendant que tu te reposes mais..." Je lui coupe la parole et le reprends, agacée : "Je ne me reposes pas, JE MEDITE !"
Après sa pause pipi express et ses trois "désolé", je reprends ma méditation. Et, au rythme des phrases, de la douce voix de la guide, je me surprends à vraiment lâcher prise, à me détendre, à...
"Chou ? Réveille-toi, tu ne vas plus dormir cette nuit..." Jules est penché sur moi, le regard attendrissant. J'émerge doucement, vaseuse. Je me suis endormie ? Meeeeerde !
Et là, sans se douter de l'affront qu'il me fait en me demandant ça, il me balance, tout sourire : "Tu t'es bien reposée ?"
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