11 Octobre 2015
Le réveil sonne, et là, je deviens rouge écarlate. Jules est à côté de moi et il dort encore. Des images assez osées me reviennent en mémoire, je commence à avoir chaud. Parce que la nuit passée, j’ai fait un rêve érotique avec un autre homme.
Le problème, c’est l’identité de l’individu. Parce que des visiteurs nocturnes, j’en ai déjà eu des tas ! (Même quand je dors je tiens à rester active.) Il y a eu certaines fois où j’étais dépitée de me réveiller. Quand Brad Pitt et moi avons eu une aventure par exemple, ou avec mon voisin du troisième, ou encore quand je sortais avec le beau gosse du lycée. (Oui, mes rêves ressemblent à des séries américaines.)
Il y a eu d’autres fois où j’n’ai pas compris le message que voulait me faire passer mon subconscient. Comme avec Johnny Halliday ou mon demi-frère. Le réveil avait alors sonné comme une libération.
Mais là… J’étais moi-même étonnée et profondément perturbée par ce rêve aussi surprenant qu’agréable. Parce que la nuit dernière, je me suis envoyé l’oncle de Jules. Enfin, en rêve. Bon Ok, j’ai toujours un peu fantasmé sur lui. Il ressemble à Patrick Dempsey. D’ailleurs il s’appelle Patrick, coïncidence ? Je ne crois pas. Quoiqu’il en soit, Jules n’a jamais vraiment apprécié mon déroulement de langue à la Roger Rabbit à chaque fois que « tonton Pat » aligne une phrase. Je préfère donc passer notre petite escapade charnelle de la nuit dernière sous silence.
Le truc perturbant avec les rêves érotiques, c’est que certaines fois, vous avez en plus de vrais sentiments dans l’imaginaire. Et alors là, vous vous réveillez avec les idées complètement embrouillées ! Parce que Tonton Patou et moi, nous étions fous amoureux ! Il m’avait même demandé en mariage. Puis quel coup d’enfer ! (J’ai toujours su qu’il en avait sous la ceinture.)
Mais que faire ? En parler à Jules ? Ce n’est pas forcément utile. Comment je l’aurais pris moi, s’il avait emballé un membre de ma famille en rêve ? Enfin, si c’était ma grosse cousine Marta, ça aurait pu me faire marrer... Mais si je repense à ma réaction quand il a dit que ma copine Justine était « un petit bijou », je pense qu’il aurait mieux fait de la jouer profil bas avec un rêve dans ce goût-là.
Je décide donc de ne rien dire, après tout il ne risque pas de le deviner.
Il ouvre les yeux, et là ça se complique.
« Bien dormi ? » Il me demande.
Et merde, il sait tout !
Le reste de la matinée se déroule sans encombre, ou presque. Je lui prépare son café, j’évite de croiser son regard.
Quand il prend sa douche, je le compare mentalement à tonton Pat (je sais, j’ai honte).
Puis, il me dit « Tu veux bien appeler Pat ? »
Hein ? Pourquoi ? J’ai rien fait !
« Confirmer pour ce soir, on va tous au resto tu te souviens ? »
Et merde ! On doit voir sa famille ce soir, trop tard pour annuler.
Me retrouver dans la même pièce que ce visiteur nocturne aux tendances masochistes, je ne suis pas certaine d’y arriver.
Je suggère assez froidement à Jules d’envoyer lui-même ce texto, je ne suis pas sa secrétaire. Le pauvre ne comprend pas ma réaction.
Une fois au boulot, je raconte mon rêve à mes copines.
« Ça ne m’étonne même pas, il a les yeux qui sentent le cul ce mec ! » Me lance Dedel devant la machine à café.
« Tu peux le dire à Jules, c’est juste un rêve. Il ne le prendra pas mal ! » Me conseille Julie.
« Tu fais ce que tu veux, mais ne te retrouve pas seule avec lui ce soir. »
Ce dernier conseil vient de Tom, notre copain gay. Je décide de faire confiance à sa grande expérience avec les mecs, et de l’écouter.
Comme convenu, le soir venu, je fais tout pour éviter Patou (oui, je sais faire des rimes).
Je lui dis rapidement bonsoir sans même le regarder dans les yeux. Mais c’est sans compter sur ma malchance légendaire : il s’assoit en face de moi.
Yeux bleus, chemise blanche ouverte avec quelques poils apparents, cette saloperie essaye de m’allumer !
Il a même l’air d’avoir bronzé, ses dents blanches ressortent encore plus que d’habitude.
Au moment où il essaye d’engager la conversation, j’esquive poliment. Quand on se croise aux toilettes et qu’il tente de faire de l’humour, je ne glousse pas comme une dinde (chose que je fais habituellement dès qu’il ouvre la bouche).
Au moment du dessert, Jules chuchote à mon oreille « Qu’est ce qui se passe avec Pat ? Tu fais que le rembarrer, t’es bizarre. »
Et merde ! Trop tard pour lui raconter mon rêve de la veille, sinon il va comprendre que ça m’a chamboulé. Je trouve une excuse vaseuse comme quoi j’ai passé une sale journée au boulot, et je me dis qu’il faut que je trouve un truc pour faire descendre tonton de son piédestal. Parce que concrètement ce qui me gêne, c’est le dieu vivant qu’il était cette nuit et ces 7 orgasmes d’affilés. Il faut que j’arrête de l’idéaliser ! Le regarder me donne des auréoles sous les bras et j’ai des palpitations. Autant vous dire que c’est mal barré…
Trouve un truc, trouve un truc… Ses blagues sont nulles. NON. Il met trop de parfum. NON. Il écoute Laurent Voulzy. NON. Tout ça n'est pas suffisant ! Et là, sous la forme d’une feuille d’épinard, Dieu me toucha de sa grâce. Tonton Pat avait une feuille énorme coincé entre la canine et l’incisive. Je me mets à hurler de rire. Je suis une gamine, mais cela me libère. Il est loin d’être parfait. Il a même fait une tâche de sauce sur sa manche.
Aaah que c’est bon ! Je me sens libérée. La gêne disparait instantanément. J’embrasse Jules sur la joue, et il a la sagesse de ne pas poser de questions.
Au moment où on sort du resto, je prends tonton Pat par le bras et lui lance, pleine d’aplomb : « Allez Patou, viens j’te paye un coup ! ».
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