2 Juin 2015
Vous connaissez tous le film 127 heures non ? Mais siii ! C’est l’histoire d’un mec (histoire vraie jouée par James Franco, miam miam), qui se retrouve pris au piège par un gros rocher (pour vous la faire courte), et qui pour s’en sortir, va devoir se couper lui-même le bras. Dégueulasse, je sais. Le type en question est resté coincé 127 heures, donc cinq jours au total ! Un véritable exploit. Mon exploit à moi ? Avoir fait l’expérience de me retirer de Facebook pendant 127 heures. D’accord, c’est moins impressionnant. Mais pour certaines personnes aujourd’hui, se retirer de Facebook revient quasiment à s’amputer d’un bras !
Tout commence un jour où déjà, je me suis levée de mauvaise humeur. J’avais oublié d’acheter du lait, mes cheveux étaient incoiffables et je n’avais pas de nouvelles de mon mec qui était sorti la veille avec ses potes (le goujat, en effet) !
Je me fais un café (alors que je déteste ça) et me pose devant Facebook. Et là, tout m’énerve, j’en ai ras le bol ! Je vois comme tous les jours les aventures de la fille de ma voisine. Tiens hier elle pris le goûter à l’école avec ses copines.
Je tombe sur les postes politiquement-haineux de Tristan auxquels personne ne comprend jamais rien.
On m’invite à jouer à des jeux stupides pour la millionième fois, et cette pimbêche de Tiphaine a encore partagé des photos de ces supeeeers vacances à Miami, son petit cul parfaitement moulé dans son bikini de parfaite connasse !
Mais le pire restait encore à venir… Je tombe sur des photos de la soirée d’hier, partagées par l’un des potes de Jules.
Oh le saligaud ! (j’ai un peu censuré le dialogue…)
Alcool sexe et rock’n’roll, voilà comment il aurait pu appeler son album ! Mais un simple « #friends #Puresoirée #Onamalfini » vient couronner ces motifs d’énorme dispute photos. Mon sang ne fait qu’un tour, je saisis mon téléphone et j’appelle… Charlotte ! Ma copine, ma conseillère en cas de crise.
« Je suis sur le point de provoquer dans mon couple l’équivalence du conflit israélo-palestinien ! » Je lui annonce au téléphone.
Après une discussion bien animée, elle me conseille : « Enlève-toi de Facebook ! »
J’ignore encore comment nous en sommes venues à cette conclusion qui n’avait rien avoir avec le problème de départ, mais je la trouvais intéressante. Tout m’énervait sur Facebook, je commençais à m’en lasser et une pause m'aurait fait le plus grand bien. Puis je voulais faire réagir Jules, mais le supprimer représentait un gros risque pour plus tard. Car s’il ne me rajoutait pas ensuite, ma fierté risquait d’en prendre un coup. Cela revenait à se tirer une balle dans le pied.
Non, la solution était toute trouvée : J’allais désactiver mon compte !
Je cherche donc dans les réglages comment faire, et le site m’en demande la raison. Je lis les propositions et je coche « C’est temporaire. Je reviendrai. » C’est ce qui me semblait le plus proche de la réalité.
Les premières heures sans Facebook me paraissent normales, voire même libératrices. Je prends ma douche, me prépare et j’ai même l’impression de disposer de plus de temps qu’à l’accoutumé.
Pas de nouvelles de Jules ? Ce n’est pas grave, je ne suis pas en train de guetter chacune de ses connexions pour lui tomber dessus comme une folle furieuse.
Pourtant très vite, le manque commence déjà à se faire sentir. Je réalise que Facebook me permettait de meubler les moments ennuyeux de ma journée. Une longue attente en caisse ? Facebook ! La salle d’attente de mon dentiste ? Facebook ! Des embouteillages ? Facebook !
Le constat est terrible : je me fais chier !
Puis, message de Jules : « T’es plus sur Facebook ?? »
Alors je décide de me la péter : « Non, je trouve ça totalement débile ! Les gens mettent des trucs stupides j’ai PETE-UN-CABLE. »
Sa réponse ? « OK. »
Je suis déçue, moi qui pensais qu’il allait s’inquiéter comme la plupart de mes amis. Ah oui, parce que quand on quitte Facebook, dans la tête des gens c’est soit vous êtes morte, soit vous n’allez pas bien du tout.
Une minorité pense même que vous l’avez bloquée. Enfin bref, vous passez votre temps à vous justifier !
Mais Jules réagit comme ça car il est vexé de s’être fait grondé comme un gamin pour ses excès de la veille.
Le lendemain, 24 heures sans Facebook ! Je ne suis pas peu fière de moi.
Le midi, je déjeune avec ma copine Laurie, surnommée « Lolote ». Mariée, deux enfants.
« De toute façon moi, j’ai toujours refusé de me mettre sur Facebook. Les gens qui étalent leur vie, c’est comme regarder Confessions intimes ! Ils savent tout sur toi. » Déclare-t-elle.
Je me retiens de lui dire que si tu ne mets rien, les gens ne savent rien. Et que tout le monde sait qu’elle va sur le Facebook de Fabrice, son mari, pour se rancarder sur leurs amis.
Je réalise que gens qui ne sont pas inscrits sur Facebook sont parfois plus hypocrites que ceux qui le sont !
En rentrant chez moi, cela fait 32 heures que je ne me suis pas connecté sur Facebook. Je commence à m’habituer. Dans les escaliers, je croise ma voisine et sa mioche fille. La gamine porte un tutu et une couronne. Je les salue et monte à l’étage pour retrouver mon frigo et ma télé.
Plus tard, Jules vient me rejoindre avec des fleurs. S’il croit que c’est avec des roses qu’il va s’en tirer ! « Et avec un super plan sexe ? » Demande-t-il. Merde, il connait mes faiblesses !
« J’ai croisé ta voisine Lisa, elle était outrée que tu n’aies pas souhaité un joyeux anniversaire à sa fille en les croisant tout à l’heure. » M’annonce-t-il. Je manque de m’étouffer. C’était l’anniversaire de la gamine ? Il est vrai que n’étant plus sur Facebook, je n’étais plus au courant des aventures d’Emmy. Et puis merde ! Je crois qu'elle n'arrosera plus mes plantes quand je pars en vacances...
Le soir devant la télé, j’ai un moment de faiblesse quand Jules part aux toilettes. Je m’empare de son téléphone et check un peu ce qui se passe sur Facebook. Tiens, Mélissa a une nouvelle coupe de cheveux ! Et Laurent un nouveau tatouage. C’est qui cette blondasse en maillot avec qui il est ami ? Ah non ça va, elle a un mec… En l’entendant tirer la chasse d'eau, je repose précipitamment le portable sur la table, honteuse comme une droguée qui aurait besoin de sa dose. Je dois me rendre à l’évidence : Je suis en manque.
L’état de manque atteint son paroxysme le lendemain. C’est dimanche. Tout le monde est sorti la veille et je ne peux plus fouiner pour savoir ceux qui ont eu un samedi soir pourri. (A savoir ce qui poste des vidéos Youtube jusqu'à 2 heures du matin et like les photos des soirées des autres.)
Le pire se produit l’après-midi, quand on va prendre l’apéro chez Charlotte. (Oui nous on prend l’apéro à toute heure.)
Ils se mettent tous à parler d’une vidéo hilarante d’un petit chat (comme c’est quasiment toujours le cas), qui fait le tour de Facebook ces derniers jours. Je me sens seule… Je ne l’ai pas vu moi cette vidéo ! Ça fait très exactement 42 heures que je ne suis plus sur Facebook, et je me sens déjà has-been. Ils se mettent à parler des photos de la soirée déguisée d’Irène, et encore une fois, je suis hors du coup.
Le pire, c’est que si j’y étais encore, toutes ces photos et vidéos m’auraient énervée !
Le soir, j’ai envie de poster les photos de notre soirée tous ensemble chez Charlotte, mais n’étant plus sur Facebook, tout le monde va croire que j’ai eu un dimanche après-midi pourri. Je demande alors à Jules de les mettre pour moi, ce qu’il accepte en échange de « mes faveurs ». Je ne vais pas vous faire un dessin…
Le lendemain, j’atteins les 60 heures. Je tourne en rond dans mon appart. Je ne bosse pas et je n’ai pas envie de faire le ménage (la vaisselle peut attendre un jour de plus). Je fais du tri dans mon ordi et je retombe sur des vieilles photos de mes potes du lycée. Je pense directement à lâcher ces énormes dossiers sur Facebook, mais là encore, ça coince. Je range tout ça dans la boite et décide d’aller faire les boutiques pour me détendre (oui, j'ai de gros soucis moi dans la vie). Je dégote une longue robe rouge somptueuse qui me va à ravir. Je propose directement aux copines de se faire un petit resto le soir même pour l’inaugurer et leur montrer que je ne suis pas morte, malgré ma désertion des réseaux sociaux.
« T’as au moins conservé Instagram ?! » S’exclame Julia.
Je tends mon téléphone au serveur et lui demande de prendre une photo. « Oh les boules ! Je suis canon ! Je l’aurai direct mise en photo de profil ! »
Sans Facebook, on perd le pouvoir de se faire complimenter dès qu’on a la chance d’avoir bonne mine.
Le jour de la 72ème heure, j’oublie l’anniversaire de ma cousine, et je me dis que Facebook c’est quand même bien pratique.
Le jour de la 96ème, je ne reçois pas l’invit de dernière minute pour un méga barbeuk chez Kévin (le pote qui a une piscine), lancée pour le soir-même. Je serai la seule à ne pas y aller.
Mais c’est quand j’écris le dernier article de mon Blog, que je réalise que je dois arrêter les frais ! J’ai besoin de Facebook pour le publier.
C’est à la 127ème heure que je craque. Je rentre mon adresse mail, mon mot de passe et le monde s’ouvre de nouveau à moi. Je défile un peu les actualités pour voir ce qui s’est passé en mon absence et snipe quelques ‘murs’ qui m’intéressent.
Je change ma photo de profil (avec la fameuse robe rouge), et les compliments pleuvent. Aaaah ça m’avait manqué, je commençais presque à perdre confiance en moi !
Je balance les dossiers du lycée sur mes potes, et je me venge au passage de ceux qui ne m’avaient pas prévenu pour le fameux barbeuk.
Je poste mon article, et c’est là que je réalise que Facebook, c’est un peu mon outil de travail.
Quand Jules rentre le soir, je l’accueille d’un « C’est qui cette Sylvie Girard avec qui tu es devenu ami ? » Et c’est là qu’il réalise que Facebook, c’est vraiment une belle connerie.
Puis, je cherche à tagger Charlotte sur les photos de notre soirée. Introuvable. Elle n’est plus sur Facebook. « Je vais lui passer un coup de fil, j’espère qu’il n’est rien arrivé de grave… »
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